CE BLOG DE L’ALLIANCE GHANÉENNE SUR LES MNT S’INSCRIT DANS NOTRE SÉRIE D’ARTICLES DE MEMBRES SUR L’INVESTISSEMENT DANS LES MNT.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le financement de la santé est une fonction centrale des systèmes de santé, qui peut permettre de progresser vers la couverture sanitaire universelle (CSU) et d’améliorer ainsi la couverture effective des services et la protection financière. Cependant, des millions de personnes aujourd’hui ne peuvent pas accéder à des services de qualité en raison du coût élevé que cela implique.
La consommation de produits mauvais pour la santé tels que le tabac, l’alcool et les boissons sucrées (BS) demeure le principal facteur de risque pour le développement de problèmes de santé chroniques, mais les prix de ces produits sont incroyablement bas. Ils sont donc plus accessibles et plus abordables. Malgré cela, l’une des recommandations vitales de l’OMS et de la directive de la CEDEAO exhortant les gouvernements à mettre en œuvre des mesures fiscales efficaces sur ces produits tarde à se concrétiser.
L’Alliance ghanéenne sur les MNT (GhNCDA), en étroite collaboration avec Vision for Alternative Development (VALD Ghana), a défendu l’intégration de la prévention et de la maîtrise des MNT dans le cadre de développement national qui s’aligne sur les Objectifs de développement durable (ODD). Le cadre vise à donner la priorité à l’orientation politique du gouvernement et à aligner la coopération au développement sur les priorités nationales de développement.
À la suite de notre travail de plaidoyer, le ministère ghanéen de la Santé a inclus un texte sur le financement de la santé par la taxation des produits nocifs pour la santé dans sa politique et son plan stratégique nationaux sur les MNT, ainsi qu’une recommandation visant à créer des fonds pour les MNT. L’acceptation de l’augmentation des taxes sur le tabac, l’alcool et d’autres produits mauvais pour la santé devrait permettre au ministère des Finances de progresser dans son appel en faveur d’une législation sur l’augmentation des taxes pour financer les priorités de santé et de développement.
COMBLER LE MANQUE DE DONNÉES POUR SOUTENIR DES POLITIQUES EN FAVEUR DE LA SANTÉ
Des acteurs de la société civile tels que VALD Ghana ont appelé à plusieurs reprises à augmenter les taxes sur les produits mauvais pour la santé ; la fiscalité s’est révélée être un outil puissant et efficace dans la lutte contre les MNT. La difficulté, cependant, réside dans le manque de données locales pour convaincre grâce à cet argument.
Pour combler le déficit de données, VALD Ghana, en collaboration avec le GhNCDA et d’autres partenaires, a animé une étude sur « L’économie de la taxation et de la lutte anti-tabac au Ghana » qui vise à apporter des analyses sur la façon dont les politiques de prix et les taxes peuvent réduire la consommation de produits du tabac et ses méfaits, conformément aux recommandations de l’article 6 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. En outre, la GhNCDA a également mené une étude intitulée « La consommation d’alcool au Ghana : état des lieux ». Les deux rapports visaient à fournir une compréhension des impacts réels des produits mauvais pour la santé sur l’ensemble de l’écosystème ghanéen. À l’initiative du rapport, le vice-ministre de la Santé a déploré la menace importante que constitue la consommation d’alcool pour le système de santé et l’économie du Ghana, les décès et la morbidité liés à l’alcool entraînant une perte de productivité.
Les rapports ont été appréciés par le gouvernement et les décideurs politiques qui ont accueilli favorablement les propositions visant à augmenter les taxes sur les produits mauvais pour la santé, afin de réduire la consommation et de générer des financements durables pour la promotion de la santé.
Parmi les principales recommandations, citons la nécessité de modifier la structure des taxes sur le tabac pour passer de la taxe actuelle ad valorem à un ensemble de taxes ou des taxes spécifiquement allouées dans un but, et d’interdire le conditionnement de l’alcool en sachets, en vue notamment de contrôler la disponibilité et la possibilité d’acheter ces produits mauvais pour la santé.
Il est satisfaisant d’assister à une collaboration multisectorielle entre les OSC et les institutions gouvernementales qui œuvrent de concert à l’identification de pistes de financement durable pour la santé et les MNT. Ce partenariat a permis de nouer d’excellentes relations et donné naissance à des rapports d’études dignes d’éloges, visant à faire progresser le discours sur la santé publique.
Une augmentation des taxes sur les produits mauvais pour la santé devrait déboucher sur une situation gagnant-gagnant, qui permettra d’engranger des recettes nationales alternatives pour financer en particulier le régime national d’assurance maladie ; ce qui contribuera, sans aucun doute, grandement à la réalisation de la CSU au Ghana d’ici 2030, tout en offrant une protection financière tout particulièrement aux personnes vivant avec des MNT.
À PROPOS DE L’AUTEUR
Actuel coordinateur national de l’Alliance ghanéenne sur les MNT, Labram M. Musah travaille avec diligence pour mobiliser les efforts de plaidoyer multipartites en faveur de l’adoption de politiques sur l’alcool et l’alimentation qui protègent les personnes à risque ou vivant avec des MNT. Il est également directeur exécutif des programmes de Vision for Alternative Development (VALD-Ghana), la principale organisation qui milite en faveur de mesures strictes de lutte contre le tabagisme et l’alcool, y compris des mesures sur la sécurité routière et le changement climatique au Ghana. Déterminé à faire la différence, il occupe d’autres postes de direction : il est membre du Réseau africain sur les MNT, de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA), de la Ghana Alcohol Policy Alliance, et d’autres organisations. Il est également l’auteur/co-auteur de plusieurs publications.