Des résultats encourageants en seulement six mois
Les chiffres ont démontré que l’approche fonctionne. Entre le lancement de l’initiative Patient Navigation en septembre 2022 et mars 2023, 14 435 femmes au total ont été dépistées : 5 014 pour le cancer du col de l’utérus et 9 421 pour le cancer du sein. 302 patientes ont été diagnostiquées et traitées, bénéficiant également d’un accompagnement social et de traitements et contrôles de suivi.
Outre l’amélioration du diagnostic et de la prise en charge, la formation des professionnels de santé est un élément central de l’initiative. En mars 2023, 761 agents de santé communautaire avaient été formés à la sensibilisation au cancer du sein et du col de l’utérus. 61 prestataires de soins de santé ont été formés à la détection précoce du cancer chez les femmes (WCED) et 20 professionnels de santé, dont des médecins, des infirmiers, des sages-femmes, des responsables cliniques et des techniciens en imagerie médicale, ont été formés à l’échographie mammaire et à la biopsie mammaire échoguidée.
L’initiative applique le Guide de l’OMS pour le diagnostic précoce du cancer et aborde des défis tels que le manque de connaissances en matière de santé, les idées reçues et la stigmatisation, la pauvreté et le recours aux guérisseurs traditionnels.
La couverture sanitaire universelle au Rwanda
Le Rwanda fait figure de leader régional en matière de soins de santé et de CSU. Le pourcentage de la population disposant d’une assurance maladie est passé de 43,3 % en 2005 à 90,5 % en 2020. L’assurance, également connue sous le nom d’assurance maladie communautaire (CBHI), a également réduit les dépenses directes, en particulier pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables.
Le Rwanda a également ouvert la voie avec ses services décentralisés de lutte contre les MNT et la mise en œuvre de la stratégie PEN-Plus de l’OMS pour lutter contre les MNT telles que le cancer, le diabète de type 1, la drépanocytose et le rhumatisme articulaire aigu dans les établissements de soins de santé primaires des zones rurales et périurbaines.
Perspectives d'avenir
Outre le diagnostic précoce et de la formation, l’Alliance rwandaise sur les MNT prévoit d’ajouter une démarche plus holistique à l’initiative, avec notamment un tutorat autour du dépistage du cancer chez les femmes et de la réponse aux résultats du VPH ; le suivi, l’évaluation et la gestion des données ; l’information des pouvoirs publics en vue de réduire la charge financière du diagnostic pour les personnes vivant avec le cancer ; et la création d’un centre de soins palliatifs et d’éducation à la santé pour faciliter l’autoréadaptation.
La société civile a été fondamentale pour l’engagement souscrit par les gouvernements lors des RHN‑ONU de poursuivre une approche pansociétale pour les MNT, notamment en 2018, lorsque la Déclaration politique de l’ONU a prévu un engagement en faveur de la participation significative de la société civile en vue de soutenir les plans nationaux de lutte contre les MNT et d’amplifier les voix des personnes vivant avec des MNT.
Les organisations de la société civile, les personnes vivant avec des MNT, les femmes, les jeunes et autres populations vulnérables devraient être impliqués de façon significative et jouer un rôle actif dans la riposte aux MNT. La proximité des organisations de la société civile vis-à-vis des communautés et des personnes vivant avec des MNT et touchées par ces maladies, les appelle à jouer un rôle important dans la prise de décisions liées aux MNT, la formulation de demandes de politiques émanant de la population et la garantie que les communautés bénéficient des services.