CE BLOG DE CITY CANCER CHALLENGE (C/CAN) S’INSCRIT DANS NOTRE SÉRIE D’ARTICLES DE MEMBRES SUR L’INVESTISSEMENT DANS LES MNT.
La pression qui pèse actuellement sur les systèmes de santé du monde entier a mis en évidence la nécessité de déployer de toute urgence des efforts plus rapides et plus complets pour renforcer les infrastructures de soins, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), dont la plupart rencontrent aujourd'hui des difficultés supplémentaires pour accéder aux financements en raison de la crise économique mondiale. En outre, les soins oncologiques de niveau tertiaire ont traditionnellement été exclus de l'agenda de l'aide internationale au développement et sont aujourd'hui davantage affectés par la baisse des budgets publics.
Compte tenu de la charge croissante dans les PRFI du cancer, désormais responsable de près de 10 millions de décès en 2020, soit près d'un décès sur six, ce qui entraîne une forte demande de soins, le déficit de financement public et de la part de donateurs pourrait être comblé par des investissements privés. Les investissements privés ont afflué sur des marchés comme l’Inde et le Kenya, et permis de créer des centres sophistiqués pour des soins oncologiques de qualité. Mais ils ne sont pas accessibles à tous.
Le secteur privé ayant manifesté un intérêt de plus en plus marqué à investir dans les infrastructures nécessaires à la prise en charge du cancer, telles que les laboratoires de biologie médicale, les centres d'imagerie, de radiothérapie ou de soins intégrés, les gouvernements ont commencé à envisager d'étendre aux soins tertiaires et secondaires les partenariats public-privé (PPP), plus courants dans le domaine des transports ou de l'énergie. Grâce à une action mieux planifiée et coordonnée entre le secteur public et le secteur privé, les PPP commencent à offrir des moyens d'assurer un accès équitable à des soins oncologiques de qualité.
CITY CANCER CHALLENGE : UNE VOIE RAPIDE VERS DE MEILLEURS SOINS
À City Cancer Challenge (C/Can), nous avons décidé de soutenir les gouvernements qui ont exprimé leur intérêt à explorer le potentiel des PPP pour aider à fournir une prise en charge du cancer, pendant qu'ils évaluent les possibilités et conçoivent l'infrastructure adaptée à leurs besoins. Le modèle multipartite de C/Can, piloté localement, offre la possibilité de donner la parole aux utilisateurs finaux sur place, en leur permettant d'exprimer leurs besoins pressants en matière d'infrastructures, et en leur accordant un rôle central dans le développement d'une structure de financement innovante. Dans le même temps, C/Can permet aux autorités d'accélérer et d'améliorer la qualité de la production de données réelles, en alimentant l'analyse de l'offre et de la demande, fondement de tout projet d'infrastructure solide.
Pour libérer tout leur potentiel, les PPP doivent être soigneusement élaborés en fonction des besoins et réglementations locaux, ce qui permet d'accéder à des sources de financement plus vastes et à des normes de qualité plus élevées, de donner aux gouvernements l'espace nécessaire pour se concentrer sur l'élaboration, la planification et le suivi des politiques, et de réduire la charge du financement de la santé grâce à un meilleur rapport qualité-prix. La conception de telles opérations prend beaucoup de temps, notamment en raison du défi que représente la collecte de données réelles pour éclairer les stratégies d'investissement et attirer les investisseurs. Lorsque les PPP tournent mal en raison d'une mauvaise conception ou d'un manque de données en appui de la structure d'investissement, ils peuvent créer une charge financière supplémentaire.
Après un projet conjoint réussi au Myanmar en 2020 en vue de soutenir le développement de nouveaux centres de radiothérapie à Yangon, C/Can et la Société Financière Internationale ont conclu un partenariat mondial pour offrir aux villes et aux pays une plateforme permettant de jeter les bases de PPP. Dans le cadre de cet accord, quatre villes du réseau C/Can, situées sur différents continents, peuvent désormais bénéficier d'un soutien spécifique pour élaborer des études de planification et de préfaisabilité des infrastructures, ce qui leur donne les outils nécessaires pour décider du modèle d'approvisionnement et d'exploitation le mieux adapté à leurs besoins.
À l'avenir, C/Can s'attachera à développer ses solutions afin de donner aux autorités locales les moyens de prendre les meilleures décisions et d'identifier une collaboration efficace avec le secteur privé. L'organisation considère qu’aller au-delà du soutien traditionnel au financement de la santé et exploiter le potentiel de partenariats multipartites permettra de faire prendre conscience de l'urgence d'allouer des ressources suffisantes à la prise en charge du cancer et, plus largement, à la lutte contre les MNT.
À propos de l'auteur
Mathieu Morand est Senior Manager chez City Cancer Challenge, où il dirige à l’échelle mondiale les travaux sur la santé numérique et le financement de la santé. En tant que professionnel de l’innovation numérique et de l’investissement, Mathieu a pour mission d’apporter de nouvelles solutions pragmatiques à la santé mondiale. Chez C/Can, Mathieu accompagne les villes des pays à revenu faible et intermédiaire qui cherchent à renforcer leurs systèmes de prise en charge du cancer grâce à l’innovation et à la mobilisation du secteur privé. Il gère des projets clés en Europe orientale, en Afrique et en Amérique latine, ainsi que des initiatives mondiales de recherche et de mobilisation.