CE BLOG DE L’ALLIANCE MALAISIENNE SUR LES MNT S’INSCRIT DANS NOTRE SÉRIE D’ARTICLES DE MEMBRES SUR L’INVESTISSEMENT DANS LES MNT.

Pendant des décennies, les systèmes de santé de nombreux pays, dont le mien, la Malaisie, ont été construits autour de la maladie en phase aiguë. Les individus subissaient un épisode d’une maladie, recevaient un traitement et finissaient soit par succomber à la maladie, soit par aller mieux. On peut soutenir que même les soins maternels sont regroupés autour d’un seul épisode long de « maladie » qui se résout avec l’accouchement. Pourquoi ce postulat était-il important ? Il permettait aux planificateurs de prévoir avec précision les coûts financiers de ces maladies aiguës.

Mais tout ce postulat a été jeté avec l’eau du bain par des maladies non transmissibles. Un « épisode » de maladie qui dure toute la vie, avec des complications supplémentaires apparaissant au fur et à mesure que la personne vit avec la maladie ; des coûts qui continuent à grimper en flèche dans un contexte d'inflation et de difficultés économiques ; et, bien sûr, les innovations qui permettent de mieux gérer la maladie. Ces coûts impossibles à calculer n'ont jamais pu être intégrés dans un modèle économique prévisible et soulignent l'incapacité désastreuse des systèmes de santé à financer les MNT de manière globale et durable.

Ce défi est encore amplifié dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), qui se caractérisent par une assiette fiscale faible pour financer les besoins nationaux en matière de soins de santé, un manque évident d'assurance maladie nationale pour financer le traitement des MNT et peu de mécanismes de protection pour contribuer à alléger les coûts socio-économiques de la gestion des maladies chroniques.

Alors, que peut-on faire ? L'amélioration du financement des MNT devra peut-être passer en partie par des mécanismes allant au-delà du cadre de la santé - et cela est particulièrement vrai dans les PRFI. Par exemple :

  1. Renforcer les mécanismes de protection sociale existants afin de financer également les soins liés aux MNT. Dans de nombreux PRFI, comme la Malaisie, les mécanismes de protection sociale existants, tels que les organismes de sécurité sociale, n'offrent une protection de ce type que pour les blessures physiques liées au travail. Dans le contexte plus large des MNT professionnelles et des MNT au sein de la population active, il serait judicieux d'élargir la portée de la protection afin de financer la prise en charge des maladies chroniques.
  2. Inclure des plans de micro-assurance pour MNT dans les autres plans et programmes d'épargne, c'est-à-dire les fonds de prévoyance des employés, les fonds de prévoyance centraux ou les fonds de pension nationaux, régionaux et organisationnels. Les plans spéciaux de micro-assurance pour MNT auront des primes moins élevées et des composantes d'épargne plus importantes, payables sous forme de somme forfaitaire en cas de diagnostic certifié d'un problème de santé catastrophique, tel qu'une MNT. Cela permettra à l’assuré de financer les coûts initiaux des premiers soins des MNT, qui constituent généralement la part la plus importante.
  3. Intégrer des plans de micro-assurance pour MNT dans des régimes de financement plus larges, tels que les prêts destinés au démarrage de petites et moyennes entreprises (PME). Les clients qui sollicitent ces prêts peuvent être mandatés pour également souscrire des plans de micro-assurance contre les MNT intégrés à ces prêts, qui comportent de petites primes pouvant être versées en même temps que les remboursements du prêt. La protection financière reste en place en tant que prestation autonome longtemps après le remboursement du prêt.
  4. Réaménager les plans d'aide sociale des institutions religieuses ou spirituelles afin de contribuer au financement de la prise en charge. Dans de nombreux PRFI, les institutions religieuses ou spirituelles ont constitué des piliers solides pour le financement et la prestation de programmes d’aide sociale. Dans certains pays, elles fournissent même des services de santé spécifiques. L'utilisation du capital social et de la solidité financière de ces institutions pour contribuer au financement des soins chroniques de longue durée peut largement contribuer à la mise en place d'une prise en charge globale durable des MNT.

Bien qu'elles soient loin d'être exhaustives, ces options représentent une démarche consciente pour aller au-delà du seul cadre des soins de santé pour financer les MNT dans les PRFI. Il est vrai qu'il n'est pas toujours facile, à court terme, d'obtenir l'adhésion nécessaire à de telles initiatives et qu'une approche à moyen et long terme peut s’avérer nécessaire. Mais en fin de compte, ces stratégies de financement originales peuvent être essentielles pour permettre aux systèmes de santé de combler l’écart en matière de soins pour les MNT.

Une chose est sûre. La première étape de mobilisation et d'exploration pour donner corps à ces nouvelles idées nécessitera des efforts intensifs de la part des organisations de la société civile (OSC) dans le domaine des MNT. Le plaidoyer et la sensibilisation de l'ensemble des parties prenantes peuvent contribuer à transformer ces organisations afin qu'elles puissent étendre leur couverture en vue de financer également certains, voire de nombreux aspects de la prise en charge des MNT pour leurs adhérents. Cela ne sera possible que grâce aux stratégies actives des OSC visant à susciter l'adhésion de ces « nouveaux » partenaires, alors que nous essayons de trouver de nouveaux moyens de résoudre ce problème séculaire : où trouver l'argent ?
 

À propos de l'auteur

La Dre Saunthari Somasundaram est membre du comité directeur de la NCDA. Elle est coprésidente de l’Alliance malaisienne sur les MNT et présidente de la Société nationale du cancer malaisienne. Forte de plus de quatre décennies d’expérience professionnelle dans les domaines du cancer et d’autres maladies non transmissibles, elle a occupé de multiples postes dans des organisations de santé nationales et mondiales.