Les personnes vivant dans la pauvreté sont souvent plus exposées aux facteurs de risque communs aux maladies non transmissibles (MNT) telles que le cancer ou le diabète, et n’ont pas vraiment les moyens d’adopter des comportements qui favorisent la santé, en raison des environnements dans lesquels elles vivent. Ceci augmente leur risque de développer une MNT plus tard au cours de leur vie et d’être diagnostiquées tardivement.

Les personnes les plus pauvres et marginalisées peuvent se heurter à des obstacles majeurs pour accéder aux soins préventifs, primaires ou d’urgence : paiements directs ou informels, discrimination ou stigmatisation, ou encore problèmes pratiques tels que barrières linguistiques ou éloignement des établissements médicaux, entre autres. Un diagnostic tardif diminue considérablement les chances de gérer avec succès une maladie chronique et entraîne souvent une mortalité prématurée.

La nature chronique des MNT nécessite souvent une prise en charge et un traitement de longue durée, et implique aussi de ponctionner des ressources indispensables pour les ménages à faible revenu. Les dépenses directes catastrophiques dues aux MNT accentuent les effets dévastateurs de ces maladies, ce qui bride le pouvoir d’achat des personnes vivant dans des milieux à faibles ressources.

Les personnes vivant avec des MNT souffrent parfois d’une perte de productivité et d’absentéisme professionnel et scolaire, ce qui limite encore leurs revenus potentiels. En veillant à ce que la prévention et le traitement essentiels des MNT soient un élément central des programmes nationaux de couverture sanitaire universelle (CSU), on peut contribuer à fournir des soins abordables et de qualité aux personnes qui en ont le plus besoin.

En s’attaquant aux MNT et en réduisant les dépenses catastrophiques des populations vulnérables, la CSU contribuera à briser le cycle de la pauvreté et de la mauvaise santé due aux MNT, tout en aidant à promouvoir une croissance économique durable.

Sans CSU, l’impact financier des maladies chroniques peut être catastrophique.

 

 

Six choses à retenir :

1.

LA SITUATION DANS LES PAYS LES PLUS PAUVRES EST PARTICULIÈREMENT SOMBRE

Dans certains pays, plus de 60 % des personnes vivant avec une maladie chronique (également connue sous le nom de maladie non transmissible ou MNT) sont confrontées à une situation financière catastrophique, selon la maladie spécifique dont il s’agit.

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Economic impacts of NCDs quote by Tedros

Les études ont montré ce qui suit :

  • En Chine, un seul épisode d’AVC pousse 37 % des patients et leurs familles en dessous du seuil de pauvreté de 1 $US par jour et par habitant. Près des deux tiers des patients non assurés tombent dans la pauvreté.
  • Au Soudan, un ménage avec un enfant diabétique consacre environ un quart de ses revenus aux soins médicaux.
  • Au Pakistan, 63,5 % des patients atteints de cancer doivent puiser dans leurs économies et 27 % contractent des prêts pour payer les soins.

Une étude récente a calculé le coût annuel moyen de la vie avec des MNT spécifiques. Elle a constaté que le coût annuel le plus élevé dans tous les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) concernait les personnes atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive, ou BPCO (7 386,71 $US). Les maladies cardiovasculaires (MCV) occupent la deuxième place (6 055,99 $US). Le coût moyen des cancers était de 3 303,81 $US, tandis que le diabète présentait le coût le plus bas, soit 1 017,05 $US par an.

2.

LES DÉPENSES DIRECTES NUISENT AUX MÉNAGES

Les paiements directs pour les dépenses de santé poussent environ 100 millions de personnes dans le monde, soit l’équivalent de la population du Viet Nam, dans l’extrême pauvreté chaque année. Une revue de 66 études ayant analysé les PRFI a révélé que les principales dépenses directes concernaient les médicaments, les consultations ambulatoires, les diagnostics et les hospitalisations. Les coûts de transport sont parfois considérables. Ainsi, une étude menée auprès de patients indiens atteints de MNT a révélé que les frais de déplacement pour se rendre dans des établissements tels que les hôpitaux centraux et les hôpitaux spécialisés représentaient la dépense la plus importante pour les ménages.

Les patients non assurés sont 2 à 7 fois plus susceptibles de recevoir des factures de santé catastrophiques que les patients assurés. Même avec une assurance maladie, de nombreux patients doivent faire face à des difficultés économiques. Ainsi, 53 % des patients victimes d’un AVC en Chine qui bénéficiaient d’une couverture d’assurance maladie se sont retrouvés dans une situation financière catastrophique. Cela est dû en grande partie au reste à charge pour l’admission et le traitement à l’hôpital.

3.

DES COÛTS ÉLEVÉS SIGNIFIENT DES CHOIX DIFFICILES

Dans les pays à faible revenu, certaines personnes empruntent auprès de leurs proches pour payer leurs frais médicaux. Elles seraient 12,8 % selon une étude. Mais l’accumulation de dettes peut aggraver la situation économique des familles à l’avenir et constitue une ressource limitée pour les personnes qui vivent avec des maladies chroniques et font face à des dépenses récurrentes.

Une autre stratégie d’adaptation consiste à ne pas prendre son traitement, ce qui permet d’économiser de l’argent à court terme, mais aggrave ensuite les résultats cliniques et l’économie du ménage. Une étude a révélé qu'« un nombre alarmant de personnes atteintes de MNT déclarent ne pas prendre les médicaments qui leur ont été prescrits en raison du coût, en particulier les femmes » (38,7 % des femmes contre 12,6 % des hommes).

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People in pharmacy

4.

IL EXISTE UN ÉCART ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES

Les femmes indiquent ne pas prendre de médicaments en raison du coût, et ajoutent qu’elles éprouvent des difficultés à payer les honoraires du médecin, les médicaments, les frais de diagnostic et les factures d’hôpital.

Des recherches menées dans plusieurs pays africains ont montré que dans le groupe à revenu le plus élevé, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de recourir à des soins de santé, mais c’est l’inverse dans les groupes à faible revenu. Dans les ménages où l’homme est le seul soutien de famille, sa défaillance est susceptible d’avoir un impact plus important sur le revenu que lorsqu’une femme tombe malade. Par conséquent, les soins de santé des membres masculins du ménage peuvent être prioritaires par rapport aux femmes.

En plus d’emprunter à la famille, aux amis ou aux employeurs, les ménages font face aux coûts de traitement des MNT en demandant à certains membres de la famille d’abandonner leurs études, de changer d’emploi ou de réduire les dépenses essentielles et non essentielles.

La chose est plus facile pour les ménages à revenu élevé que pour les ménages pauvres. Par exemple, les patients indiens atteints de cancer et appartenant à des groupes à revenu élevé font face, principalement, en réduisant les dépenses de santé des autres membres du ménage. Mais les patients pauvres atteints d’un cancer appliquent des stratégies qui épuisent les ressources existantes ou futures, comme souscrire un emprunt ou vendre des actifs.

Réduire les dépenses catastrophiques auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec des MNT est essentiel pour atteindre les cibles de réduction de la pauvreté des Objectifs de développement durable (ODD). Quitter son emploi, faire face à des dépenses directes dévastatrices et quitter l’école pour s’occuper d’un parent malade ne sont que quelques-unes des façons dont l’absence de soins de santé universels affecte les familles vivant avec des MNT et aggrave la pauvreté.

Parmi les solutions possibles face aux dépenses catastrophiques des personnes vivant avec des MNT l’adoption de régimes d’assurance obligatoires ou financés par l’impôt.

6.

PERMETTRE À TOUS DE VIVRE EN BONNE SANTÉ

En veillant à ce que la prévention et le traitement essentiels des MNT soient un élément central des programmes nationaux de CSU, on peut contribuer à fournir des soins abordables et de qualité aux personnes qui en ont le plus besoin.

En s’attaquant aux MNT et en réduisant les dépenses catastrophiques des populations vulnérables, la CSU contribuera à briser le cycle de la pauvreté et de la mauvaise santé due aux MNT, tout en aidant à promouvoir une croissance économique durable.

Il n’existe pas de formule unique pour la CSU ou les soins de santé primaires. Chaque pays doit élaborer son propre régime de couverture sanitaire universelle selon les besoins de sa population, en tenant compte des points de vue et des expériences des personnes vivant avec des maladies telles que les MNT, et de leurs aidants. En mettant l’accent sur l’équité et les droits de la personne, la CSU constitue un moyen puissant d’accélérer les progrès dans la réduction des inégalités en matière de santé et de MNT.

La cible de la CSU dans les Objectifs de développement durable ne sera atteinte que si les gouvernements et les parties prenantes intègrent les MNT dans l’ensemble du continuum de soins, et élargissent ainsi la protection contre les risques financiers pour tous. Une vie en bonne santé pour tous est un objectif réalisable, mais qui nécessite une collaboration multisectorielle et un engagement à développer des systèmes de santé solides et durables qui répondent aux besoins des populations.

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