CE BLOG DU FONDS MONDIAL DE RECHERCHE SUR LE CANCER S’INSCRIT DANS NOTRE SÉRIE D’ARTICLES DE MEMBRES SUR L’INVESTISSEMENT DANS LES MNT.

Il suffirait d'un dollar par personne pour sauver une grande partie des personnes qui meurent chaque année de maladies non transmissibles (MNT). Ces maladies sont responsables de 7 décès sur 10 dans le monde, décès qui pourraient être évités grâce à des investissements supplémentaires. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année, 15 millions de personnes dans le monde meurent prématurément (entre 30 et 70 ans) à cause des MNT. Toutefois, si l'on prend les mesures appropriées pour réduire les facteurs environnementaux qui favorisent les comportements mauvais pour la santé, selon l'Alliance sur les MNT, 80 % des décès dus à ces maladies pourraient être évités ou retardés jusqu'à un âge avancé. Les MNT demeurent l'un des problèmes de santé mondiaux les plus sous-financés, avec seulement 1 à 2 % de l'aide totale au développement pour la santé consacrée à ces maladies au cours des 20 dernières années.

Cette année, la Semaine d’action mondiale sur les MNT s’attache à réduire les écarts d’investissement, afin de garantir que la prévention et la gestion des MNT reçoivent l’attention et l’action qu’elles méritent.

 

PLEINS FEUX SUR LE CANCER - LA PRÉVENTION PERMET DE SAUVER DES VIES ET DE FAIRE DES ÉCONOMIES

On estime que jusqu’à 40 % des cancers pourraient être évités. Pour contribuer à réduire les risques, les gouvernements peuvent œuvrer au niveau de la population en faveur d’un environnement qui minimise l’exposition aux facteurs de risque de cancer connus. La prévention primaire, ou la prévention du développement d’un cancer, est une stratégie particulièrement rentable qui permet de sauver des vies.

Investir dans la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) n'a jamais été aussi important.

Les cancers pourraient être évités en s'attaquant aux principaux facteurs de risque des MNT (mauvaise alimentation, manque d'activité physique, consommation d'alcool et de tabac), mais le manque de ressources et d'investissements dans la prévention - et la prise en charge - des MNT coûte au monde des millions de vies et de dollars chaque année. Ainsi, selon les estimations 2019 sur la charge mondiale de la morbidité, des mesures visant à améliorer la nutrition pourraient éviter un décès prématuré sur cinq dans le monde - ce qui inclut les décès liés au cancer.

 

OÙ SONT LES SOLUTIONS ?

Il existe de nombreuses données probantes sur les solutions et interventions rentables permettant de lutter contre les facteurs de risque des MNT. Décrits cette année par Forbes comme de véritables aubaines, les meilleurs choix de l'OMS pour les MNT, qui ont été présentés et approuvés par les gouvernements, sont des interventions abordables, rentables et fondées sur des données probantes, qui permettent de lutter contre les MNT. Ces mesures comprennent l'augmentation des taxes de santé et des restrictions sur le marketing et la vente des produits nocifs. Elles coûtent en moyenne 0,84 $US de plus par an et par personne dans les pays les plus pauvres et contribuent au développement social et économique, avec un retour sur investissement de près de 12 pour 1 pour certaines interventions, notamment les régimes alimentaires sains. En moyenne, elles rapportent 7 dollars pour chaque dollar investi dans les pays à faible revenu. Toutefois, les progrès dans la mise en œuvre de ces solutions restent lents et ces mesures ne sont pas suffisamment utilisées.

 

PLAIDER EN FAVEUR DE L’INVESTISSEMENT

Les arguments en faveur de l'investissement dans les maladies non transmissibles sont solides, nécessaires et urgents. D’ici 2030, la mise en œuvre des meilleurs choix pourrait sauver près de 7 millions de vies dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Convertis en avantages économiques et sociaux, ces gains en matière de santé pourraient représenter plus de 230 milliards de dollars, sans compter les économies réalisées par les gouvernements et les particuliers sur les soins de santé, qui viendraient fortement renforcer l'impact total sur la santé. Le coût de l'inaction en matière de MNT menace gravement la santé et la prospérité : il est estimé à 25 dollars par personne et par an dans les pays à faible revenu et à 50 dollars par personne et par an dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.

Investir dans les MNT est une évidence pour les donateurs, les agences de développement et les gouvernements eux-mêmes. Il existe des preuves avérées de la rentabilité de l'investissement dans les meilleurs choix en matière de MNT. Si des questions subsistent quant au financement, il existe au moins une voie claire à suivre : la taxation.

 

TAXER POLITIQUEMENT

Pour les gouvernements, l'augmentation des taxes est un moyen efficace de réduire la consommation de produits nocifs pour la santé tout en générant des recettes supplémentaires, grâce à l'augmentation des droits d'accises sur le tabac, l'alcool et le sucre. Cependant, ces mesures fiscales ne sont pas suffisamment utilisées. Ainsi, seuls 85 pays ont mis en place une forme de taxe sur les boissons sucrées.

Les taxes de santé fonctionnent mieux lorsqu'elles sont mises en œuvre dans le cadre d'un ensemble complet d'interventions. Il est nécessaire d’interconnecter les décisions ayant un impact sur les MNT dans tous les ministères, tels que les transports, l'environnement et l'agriculture. Il est également possible d'améliorer la santé en réduisant la consommation nocive (et de faire des économies) en modifiant les portefeuilles d'investissement afin d'exclure les industries qui portent atteinte à la santé en vendant de manière agressive des produits nocifs et en interférant dans l'élaboration des politiques pour empêcher les gouvernements de mettre en œuvre des politiques favorables à la santé. Cependant, les décideurs politiques hésitent encore souvent à recourir à des mesures fiscales en raison d'idées reçues sur leur efficacité et leur acceptabilité, et de l’ingérence de l'industrie.

Il est temps que les gouvernements montent au créneau et engrangent ces énormes bénéfices pour la santé et le bien-être de leurs citoyens, et qu'ils réalisent les investissements indispensables et significatifs que la prévention et la maîtrise des MNT exigent. Le deuxième dialogue mondial de l’OMS sur le financement des activités nationales de lutte contre les MNT en 2023 et la quatrième Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur la prévention et la maîtrise des MNT en 2025 seront des moments forts pour que les pays se rassemblent et mobilisent davantage de ressources et d'actions. WCRF International est fier de se joindre à l'Alliance sur les MNT et l'ensemble de la communauté pour lancer un appel à investir davantage dans ces maladies et à être une voix de changement.

Ce blog a initialement été publié sur le site de WCRF International dans le cadre de la Semaine d’action mondiale contre les MNT.

 

À PROPOS DE L’AUTEURE

Magdalena Wetzel est responsable des politiques et des affaires publiques au Fonds mondial de recherche sur le cancer International. Elle milite en faveur d’une alimentation saine et de l’activité physique afin de prévenir le cancer et d’autres maladies liées à l’alimentation. Professionnelle des politiques publiques en Argentine, elle travaille à la croisée de la bonne alimentation, la prévention des maladies non transmissibles et la bonne gouvernance.